* Rencontre avec la Royauté * [Privé]

[RP Rétro, qui se passe un peu avant mes RPs habituels. Ici n'est incarnée que Ruby, encore inconnue sous ce pseudo, à l'époque où elle était encore au Château.]

Les couloirs étaient interminables... Et pourtant, la jeune noble les connaissait comme sa poche.
Elle vivait ici depuis son enfance. Enfin, pas tout à fait. Elle avait été adoptée par ce couple de Nobles quand elle était âgée de 4 cycles, suite à de tragiques circonstances. Cela faisait donc facilement 18 cycles qu'elle vivait entre des murs dorés, sans parvenir à avoir la moindre sympathie envers chacun de ses occupants.
Ces gens là lui avaient prit sa famille, tout ce qu'elle aimait. Alors pourquoi les aimer ? Même s'ils s'en occupaient comme leur propre fille ? Lui évitant le sort des esclaves ? Non, elle ne les aimait pas.

A cette époque, elle n'avait pas encore comprit qu'ils n'y étaient pour rien, bien au contraire, ils l'avaient sauvée d'une vie bien pire encore. Car non, tous les gens de ce Château n'étaient pas aussi tyranniques que le Roy. Mais non. Elle ne voyait que le mal qui l'avait frappé quand elle n'était qu'une fillette, et l'avait grandement chamboulée, fragilisée.
Elle ne voyait que ce désir de vengeance. Un jour, elle les tueraient. Tous. Tout ceux qui lui avait volé ce qui lui appartenait, jouant par la suite avec sa vie, parce qu'elle n'avait pas le choix. Un jour. Jour qui ne viendra jamais, elle avait changé depuis...

Mais à cette époque là... Elle jouait le jeu. Elle ne masquait pas vraiment sa tristesse. Elle n'avait jamais réussi. Elle se montrait toujours un peu froide distante... Mais elle savait aussi que si elle ne voulait pas être soupçonnée, elle devait se rapprocher de ses gens là. Aussi, avait-elle réussie à se faire aimée de ceux qui l'entouraient.
Toujours polies. Toujours présente. Toujours compréhensive. Douce quand il le fallait. Un faux sourire par-ci pas là. Faux, faux faux. Tout était faux. Mais autour, on n'y voyait que du feu.

Dans ce couloir, elle marchait droite, fière, comme tous ici. Du moins, ceux qui étaient du bon côté.
La seule chose qui n'était pas fausse chez elle : sa maladresse. Plus que légendaire. Qui handicapait beaucoup, en plus de sa santé très fragile. Si elle n'était pas aimée, elle serait... Un boulet. En bas de l'échelle.
En plus d'être souvent dans la lune, perdue dans ses pensées.

C'est de cette manière, encore une fois, qu'elle n'était pas attentionnée sur ce qu'il se passait devant elle.
Quelques pas de plus.
Un couloir jusqu'ici désert.
Une porte qui s'ouvre silencieusement.
Qu'on entend pas.
Une personne qui sort.
L'autre qui arrive au même moment.
Puis le choc, mêlée à l'étonnement.

Celle qui marchait pourtant gracieusement jusque là se retrouva par terre... Avec beaucoup moins de panache, et un peu perdue, sonnée, tirée de ses pensées brutalement. Forcément, ça surprend.

"Outch ! Je vous prie de m'excuser, je ne regardais pas où j'allais..."

Fit-elle alors d'une voix confuse, et légèrement tremblante à cause de l'effet surprise, le tout en se relevant, s'aidant du mur.

La ville était toujours aussi active. Le marché situé sur la place de la ville attirait tous les habitants de Caelicia et l'ambiance était assez bruyante. Les habitants parlaient entre eux, certains riaient et semblaient s'amuser, d'autres regardaient les différents marchés. Les gardes semblaient avoir énormément de travail entre maintenir le calme dans le marché et rattraper tous les petits voleurs qui volaient les stands. On aurait pu comparer ce marché au chaos, c'était la même chose.

De la fenêtre de sa chambre, Astelia pouvait voir tout ce qui se passait sur Caelicia et c'était devenu une habitude. Tout ce qu'elle pouvait faire ici, c'était s'occuper comme elle le pouvait en restant au château. Depuis l'apparition de ces rebelles, Isidil lui avait interdit de sortir hors du château mais cette envie de découvrir ce monde à l'extérieur ne cessait pas d'apparaitre. Un jour, elle aussi serait sur cette place à regarder les différents stands, à parler avec les habitants, comme quelqu'un de normal et non quelqu'un de sang royal. La jeune princesse se détacha de la fenêtre et s'approcha de son lit avant de s'allonger sur le dos, fixant le plafond. Décidément, il n'y avait pas grand chose à faire lorsque son frère et tous les principaux conseillers étaient en train de discuter de cette fameuse crise. C'est alors que Astelia se souvint de ce cheval blanc qu'elle avait vu l'autre fois et l'envie de faire un petit tour dans l'écurie l'avait tout à coup pris.

Rapidement, la jeune princesse se leva et se dirigea vers la porte de sa chambre. L'accès à l'écurie n'était pas autorisée pour Astelia mais elle s'en moquait. Même si elle avait tendance à enfreindre les règles un peu trop souvent, Isidil était toujours clément et ne lui disait rien, pas comme ces généraux ou conseillers qui n'arrêtaient pas de lui faire des compliments désagréables. La jeune femme ouvrit la porte et sortit, ne faisant pas attention s'il y avait quelqu'un dans le couloir. Généralement, il n'y avait pas grand monde qui se trouvaient dans les couloirs en ce moment précis mais il fallait croire que malgré tout, tout le monde n'était pas occupé. Sans rien comprendre, Astelia sentit quelque chose la bousculer et rapidement, la jeune princesse se retrouva au sol. Tout s'était déroulé très vite et la jeune femme était un peu sonnée après ce choc. Elle secoua la tête, tentant de reprendre ses esprits mais resta au sol, par sécurité. C'est à ce moment là qu'elle vit une jeune femme aux cheveux blond devant elle, qui était également à terre.

"Outch ! Je vous prie de m'excuser, je ne regardais pas où j'allais..."

La femme se releva et s'adossa contre le mur, c'est à cet instant précis que la princesse comprit ce qu'il s'était passé. Elle avait été négligente et n'avait pas vu que quelqu'un se trouvait également dans le couloir et si elles se retrouvaient toutes les deux dans cet état, c'était en partit de sa faute. Doucement et en s'aidant du mur, Astelia se releva, puis regarda l'inconnue.

"Non non... Ne vous excusez pas, c'est également de ma faute. Je ne savais pas que quelqu'un se trouvait dans le couloir."

Ayant enfin retrouver ses esprits, Astelia s'approcha de la jeune femme. Le choc avait été brutal et il semblait qu'elle était toujours un peu étourdie. Se sentant un peu mal à l'aise et souhaitant faire quelque chose pour l'aider, la jeune princesse prit son pendentif dans sa main gauche puis posa sa main droite sur l'épaule de l'inconnue avant de chuchoter quelque chose. On ne pouvait pas vraiment entendre ce qu'elle disait, c'était comme une langue inconnue mêlée à un chant. Une fois que les chuchotements cessèrent, Astelia retira sa main de l'épaule de la jeune femme puis se mit à sourire.

"Vous devriez vous sentir mieux maintenant."

Cependant, la jeune princesse ne put s'empêcher de continuer de la regarder. Elle avait beau voir encore et encore les mêmes couloirs, les mêmes salles et les mêmes personnes, elle ne se souvenait pas de cette femme. Travaillait-elle ici ? Ou peut-être venait-elle d'arriver dans le château ? Astelia aurait bien voulu lui poser toutes ces questions mais après ce qu'il venait de se passer, il était préférable de ne pas l'embêter. Sans s'en rendre compte, la jeune princesse perdit son sourire puis baissa la tête et se tût, commençant à culpabiliser après cet incident. Il fallait vraiment qu'elle fasse plus attention désormais à ce qu'elle faisait, il était hors de question qu'un autre incident comme celui-ci se reproduise de nouveau.

A cause de sa constitution plus fragile, la jeune noble avait déjà un peu plus de mal à retrouver ses esprits que l'autre. Adossée au mur, sa tête tournait légèrement, si bien qu'elle dû garder les yeux fermés pour ne pas chuter à nouveau, ce qui la ferait se ridiculiser encore plus. Elle se contenta de laisser l'inconnue s'excuser à son tour. Mais rapidement, elle sentit une main sur son épaule, et retrouva de suite sa forme... Comme si rien ne s'était passé.

Surprise, n'étant pas du tout habituée à la magie, car ça ne pouvait être que ça, elle ré-ouvrit les yeux pendant que la femme lui demandait si ça allait mieux. Elle la dévisagea. Splendide. Une peau de porcelaine encadrée de longs cheveux noirs bariolés de babiole. Et manqua de lâcher une exclamation de surprise. Tout le monde en Caelicia connaissait cette femme. La Princesse. Elle-même. Bien qu'elle ne soit pas légitime, le peuple l'aimait bien, cette dernière étant plus douce que son tyran de frère. Quoique ça, elle attendait de voir. Princesse ou pas, elle faisait partit de ces gens qu'elle détestait pour lui avoir tout prit.

Mais elle ne le montra pas. D'autant plus qu'il y avait une marge entre voir la Princesse à certaines audiences, et se retrouver directement en face à face avec elle dans un couloir désert. Après lui avoir carrément rentré dedans.
Parce qu'à côté de ça, elle était bien éduquée, et savait elle aussi se faire aimer de ceux qu'elle haïssait.
Elle s'éloigna du mur, toute confuse, afin de se montrer sous un meilleur jour, pour ensuite s'incliner respectueusement.

"Hem... Veuillez m'excuser votre Majesté... Tout est de ma faute ! J'aurai dû faire attention, vous n'y êtes absolument pour rien... Je ne mérite pas votre attention..."

Elle ne connaissait pas la Princesse personnellement. Elle n'avait entendu d'elle que des "on dit" et des rumeurs. Elle ne savait donc pas si elle est aussi pacifiste que les gens le disaient, ou si au contraire, elle avait les mêmes tendances que son frère... Par habitude, et par rejet, elle se méfiait toujours de qui elle croisait dans les couloirs du Château. Et plus cette personne avait un rang élevé, et plus elle se méfiait. Noble ou pas, la moindre erreur pouvait coûter la vie. Et pour l'instant, elle n'avait pas envie de se retrouver dans ce genre de situation. Mais alors, pas du tout.

Alors elle fit profil bas, s'écrasant totalement face à la sœur du Roy.
Elle ne la respectait pas. Elle ne l'aimait pas.
Mais elle ne pouvait pas dire qu'elle la haïssait au point de la prendre de haut dans ses pensées.
Pour le moment, elle était plutôt concentrée à s'attirer ses bonnes grâces.

Elle se souvint alors d'un détail... Que cette nouvelle surprise lui avait fait oublier aussitôt.
Astelia, de son nom, lui avait parlé avec beaucoup de douceur, et avait usé de sa magie sur elle pour la soulager, alors qu'elle ne le méritait visiblement pas.
C'était la première fois qu'elle voyait une personne avec un tel rang se montrer aussi intentionnée envers elle... Comme si elle était son égale, presque.
Alors que la plupart du temps, même entre nobles, il y avait une échelle. Et les plus haut échelons avaient tendance à bien montrer leur place aux plus bas...
Sa "famille" se situait plutôt au milieu de cette échelle. Pas tout en bas. Mais pas assez haut non plus pour avoir la considération des plus haut gradé.

Alors en repensant à ce geste, ça lui fit... Extrêmement bizarre de la part de la Princesse elle-même. Et ça la déstabilisa d'un seul coup. Ne sachant plus quoi faire, ni comment se comporter...
Elle resta un bref moment silencieuse, puis opta malgré tout pour la politesse. C'était le plus important face à ce genre de personne, après tout. Bien attentionnée ou non. Montrer qu'on les "respectait" pouvait vous sauver la mise.

"Et hum... Je vous remercie de votre geste... Vous n'étiez pas obligée d'user de vos pouvoir pour une simple fille de bonne famille comme moi. Je ne le mérite pas..."

Toujours montrer que c'était un certain honneur. Flatter leur égo... Telle était la manière dont on lui avait apprit à se comporter face à tout ceux qui étaient au dessus d'elle.

Astelia n'obtint pas de réponse directement, l'inconnue la dévisagea. Était-ce par honte ou parce qu'elle venait de se rendre compte de qui elle était ? En tout cas, cette attitude ne réjouissait pas la jeune princesse, pas dans le fait que cette attitude pouvait être considérée comme un manque de respect, mais parce que son grade social devait influencer ce qu'il se passait. Qu''elle regrettait ce temps où elle était petite et que tout le monde la prenait de haut à cause de son jeune âge. C'était comme si elle était qu'une simple petite fille, pas une princesse. Malheureusement, on ne peut pas rester petite toute sa vie et plus Astelia grandit, plus les gens la voyaient d'une autre manière car elle avait muri.

La jeune princesse commença à regarder l'inconnue avec plus d'attention. Son attitude était bizarre, c'était comme si elle cachait quelque chose, comme si elle cachait sa vraie nature. Seulement, Astelia ne pouvait pas savoir ce que c'était et même si elle le pouvait, il était hors de question d'en savoir plus. Tout le monde avait ses secrets et c'était naturel de vouloir les garder. Tellement absorbée par ceci, la princesse n'avait pas entendu les nouvelles excuses de l'inconnue. Ce fut lorsqu'elle lui adressa de nouveau la parole que Astelia sortir de ses pensées. Cette dernière se mit à soupirer en entendant les paroles de cette fille. Elle passa sa main dans les cheveux, l'air gênée, avant d'essayer de lui répondre.

"Ce n'est pas parce que je suis une princesse qu'il faut tout de suite que tu te dévalorises. A la base, je suis un être humain, comme toi. Tu n'es pas d'accord ?"

Pourquoi faisait-elle ça ? A vrai dire, elle ne le savait pas. Au final, qu'est ce qui différenciait les personnes de sang royal et les simples habitants ? A part un simple rang, il ne devait pas y avoir de différences car au final, la première personne qui était devenue l'empereur était également une personne normale, tout comme les autres. Seulement, Isidil ne serait pas content en écoutant Astelia dire des choses pareilles car pour lui, ces choses comptaient beaucoup et le pouvoir l'avait corrompu.

La jeune princesse se retourna puis fit quelques pas en avant, les bras derrière le dos avant de s'arrêter et de continuer.

"Enfin, je ne vous en veux pas mais lorsque nous ne sommes qu'entre nous, vous pouvez me considérer comme quelqu'un de normal. Je ne veux pas que l'on me voit comme une simple princesse, et puis ce n'est qu'un rang, je n'ai aucun pouvoir."

Sur ces mots, Astelia baissa la tête. Le pouvoir... cette chose qui corrompait tous les humains. Elle aurait aimé d'une certaine manière posséder ce pouvoir mais elle ne l'aurait pas utilisé comme le fait son frère. Pour elle, c'était le peuple qui comptait, pas le fait de régner, d'avoir des domestiques et de se sentir supérieur à tout le monde. Mais elle avait beaucoup trop de respect envers lui pour lui en parler. Si seulement elle pouvait être plus forte... Elle était sûre qu'elle pouvait faire quelque chose pour aider son peuple, tous ces gens qui souffraient commençaient à l'exaspérer mais elle était impuissante. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était observer et être la spectatrice de tout ce désastre.

La jeune princesse se retourna pour pouvoir se retrouver en face de l'inconnue. Depuis le début, elle ne faisait que l'appeler par le mot "inconnue" ou encore "elle". Elle savait déjà que Astelia était la princesse mais au final, la princesse ne savait même pas qui se trouvait devant elle. Désirant cette fois-ci en savoir plus sur l'identité de la jeune femme, Astelia décida de se lancer.

"Au fait, je ne connais pas ton prénom. Comment t'appelles-tu ?"

Astelia venait de passer du vouvoiement au tutoiement, pour tenter de calmer le jeu et de rassurer l'inconnue. Cela ne servait à rien de continuer de parler avec toutes ces tensions et la jeune princesse voulait pas compliquer les choses.

Elle resta... Complètement perdue quelques secondes encore. Constatant que les dires à propos de cette princesse semblaient être... Exacts.
Et ça lui faisait bizarre, de s'entendre dire ce genre de chose par une personne de la Royauté directe... Parce que dans ce monde, les relations avec les plus grands... Non, décidément, ce n'était pas ça.
Alors entendre ce genre de paroles, ça la surprenait vraiment. D'autant plus que la Princesse la tutoyait, et lui demandait de faire de même. En temps normal, elle ne se serait pas gênée. Ni n'aurait forcément attendu qu'on le lui demande, tout dépendait de la situation. Mais là, rien de plus insolite, et de... Déstabilisant.

Mais elle s'y plia. Elle était curieuse de voir ce que ça donnerait. Et puis, cette personnalité en face d'elle... Si elle était vraiment honnête, si elle correspondait vraiment à ce qu'en disait le peuple... Alors... Elle n'avait peut-être aucune raison de la haïr au même titre que les autres. S'en faire une alliée pourrai même être bénéfique. L'intérêt même avant l'amitié. Mais à cette époque, l'amitié était un sentiment qui lui était totalement inconnu.
Elle se redressa, restant un bref instant silencieux, avant de reprendre, avec un léger sourire amusé, à défaut d'autre chose.

"C'est... Plutôt étonnant d'entendre ce genre de chose. Mais soit. Je ferais comme si tu étais mon égale."

Elle avait toujours été obéissante quelque part. C'était ce qui lui permettait de s'attirer les bonnes grâces partout où elle allait après tout... Ne pas désobéir, rentrer dans le jeu des gens... Ils aimaient ça. Et elle ne s'attirait aucun problème de cette manière. Ça lui permettait également de mieux savoir à qui elle avait à faire.
Mais là... Quelque chose était vraiment différent. Elle semblait réellement sincère, la Princesse. Dans ses mots, ses gestes, sa posture... Elle semblait trop innocente pour savoir se jouer des gens. Et puis... Elle était apprécié des mêmes personnes qui pourtant, haïssaient son tyran de frère... Tout ceci devait avoir une bonne raison.
Elle continua ensuite, docilement.

"On me connait sous le nom d'Erinyes Pendragon."

C'était bien avant qu'elle ne rencontre celle qui deviendrait ensuite sa partenaire et sa plus fidèle amie. A cette époque, le pseudo de "Ruby", qu'elle porterait ensuite le reste de sa vie, abandonnant son identité actuelle, n’existait tout simplement pas.

Puis, pour faire bonne figure face aux désirs de sa souveraine, elle eu l'audace d'ajouter, après avoir revérifié que les couloirs étaient bels et bien vides.

"Je suppose que si j'en crois vos... Hem... Tes dires, je me dois de t'appeler Astelia ?"

La jeune princesse connaissait enfin le prénom de la personne avec qui elle discutait. Erinyes... Ce n'était pas un prénom très fréquent mais il avait tout son charme. En tout cas, il semblait que l'attitude de Astelia la laissait sans voix, chose que la jeune princesse ne comprenait pas... Enfin, à part si on repensait à son frère. On pouvait tout de suite penser que la princesse était l'exemple typique de son frère, qu'elle était aussi froide et distante que lui mais ce n'était pas le cas. Bizarrement, l'attitude de Erinyes la blessait, lui faisant réaliser de plus en plus l'attitude de son frère face à son pays. Toutes ces personnes qui mourraient de famine, qui vivaient dans la misère... Elle avait honte d'être leur princesse car au final, elle était impuissante. Elle n'avait aucun pouvoir, juste ce titre de princesse qui lui donnait des privilèges.

Sur le coup, Astelia souhaitait pleurer mais elle tenta de cacher sa tristesse, refusant que Erinyes ne la voit dans un état pareil. Et c'est cette dernière qui fit changer les idées à la jeune princesse en demandant confirmation de ce qu'elle avait demandé quelques secondes auparavant. Elle resta plusieurs secondes silencieuse, tentant de remettre de l'ordre dans ses idées et de se rappeler de quoi il était question jusqu'à ce qu'elle se rappelle de ce fameux vouvoiement/tutoiement. Sur le coup, Astelia ferma les yeux et plaça sa main devant ses lèvres avant de rire légèrement.

"Il faut croire que cela prendra du temps avant que tu ne t'y habitues."

La jeune femme reprit très vite son calme puis reposa sa main sur sa hanche avant de rouvrir les yeux. De nouveau elle se mit à sourire puis elle pencha sa tête légèrement sur le côté avant de continuer.

"Pour être honnête, je préfère que tu m'appelles Astelia, ou même Asty' si tu le souhaites, cela m'importe peu."

Ce surnom, il n'y avait que son frère qui l'appelait comme ça, tous les autres préférant la vouvoyer mais si Erinyes désirait l'appeler comme ça, cela ne la dérangeait pas du tout.

Des bruits de pas se firent entendre et de l'autre côté du couloir, il semblait avoir des personnes qui marchaient pour rejoindre les appartements privés, sûrement les conseillers de son frère. Il semblerait que la réunion soit finalement finie mais cela signifiait qu'il y avait plus de chance qu'elle ne rencontre son frère ou encore même ce général. De plus, les conseillers semblaient assez énervés, il semblerait que la réunion se soit mal passée... A cette pensée, Astelia fit une grimace. Quelques jours auparavant, son frère l'avait convié dans la salle du trône pour lui présenter le général des armées, même si elle l'avait déjà vu plusieurs fois. Cependant, ce n'était pas par pure courtoisie qu'il avait décidé de lui présenter cet homme, mais pour lui apprendre qu'il avait décidé de l'offrir en mariage à ce... tyran. Genth était pire que son frère. Pour lui, tout ce qui l'intéressait, c'était le pouvoir et la réussite. Devant son frère, Astelia n'avait rien dit mais lorsqu'elle était sortit de la salle du trône, elle s'était dépêchée de rejoindre sa chambre pour y pleurer toute la journée.

Seulement, Astelia était gênée de devoir s'éclipser si vite alors qu'elle venait de faire connaissance avec Erinyes. C'est alors que la jeune princesse tenta une approche, tant qu'elle ne voyait pas arriver le Roy et son général.

"Je ne sais pas ce que tu faisais dans les couloirs, et si tu es occupée mais je souhaitais me rendre dans l'écurie pour regarder les chevaux de la garde royale. Est-ce que tu souhaiterais venir avec moi ? Ce n'est pas grave si tu refuses ou si tu n'as pas le temps, je comprends."

Tout en faisant sa demande à Erinyes, Astelia observait le fond du couloir en espérant qu'elle ne croise pas son frère ou encore le général. Au pire, s'ils arrivaient, la chambre de la princesse était juste derrière elle et elle pouvait rapidement s'y réfugier avant que l'un des deux ne puissent la voir. Mais retourner dans sa chambre ne la passionnait pas et elle espérait vivement que Erinyes lui réponde rapidement pour qu'elle puisse bouger et ainsi esquiver son frère. Lorsque ses réunions se passent mal, Isidil est toujours assez énervé et même sa sœur ne pouvait rien faire pour lui redonner le sourire, et le fait de voir son frère dans cet état rendait la princesse malade.

La jeune acquiesça simplement aux dires de la Princesse. Bon, elle ferait l'effort de toute façon, ça ne coûtait absolument rien.
Ce qui la préoccupait le plus... C'était les expressions et l'air d'Astelia.
Elle n'avait rien... D'une Princesse heureuse. Du point de vue de tous, cette fille avait tout : richesse, pouvoir, elle était aimée, elle ne manquait de rien...
Alors pourquoi cette expression si triste ? Pourquoi elle ne prenait personne de haut comme les autres nobles ? Non, décidément, ça ne collait pas... Cette fille... Semblait au contraire extrêmement malheureuse. Si bien que "Ruby" avait cru que la princesse allait pleurer à un moment, suite aux propos respectueux qu'elle avait tenu face à elle. Sorte de fossé qu'elle semblait vouloir franchir en désespoir de cause.

C'est ce cumul de tout ces signes qu'elle avait repéré qui fit qu'elle mit rapidement sa haine envers les haut gradés de côté. Car cette princesse... N'avait en réalité rien en commun avec eux. Il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer. Elle semblait avoir souffert de cette situation, comme si, elle aussi, avait été une victime de son frère. Ruby ne connaissait pas trop leurs relations, mais... Elle n'était pas comme lui. Alors pourquoi lui en vouloir pour quelque chose dont elle n'était pas responsable ? En temps normal, elle n'aurait jamais pensé de la sorte, mais elle n'était pas insensible à la douleur des autres, pour elle-même la vivre quotidiennement. Alors forcément, les expressions de sa souveraine lui brisaient presque le cœur, la faisant se sentir presque coupable d'avoir ressentit autant de rancœur pour une personne comme ça... A moins que la Princesse ne cache son jeu, mais elle n'en n'avait clairement pas l'impression.

Pire encore... Lorsque des bruits de pas et de discussion retentirent dans le couloir, Astelia semblait... Comme paniquée. Telle une esclave qui ne voulait pas subir le courroux de ses maîtres.
Ici, elles étaient du côté des appartements privés du Roy, bien que les couloirs étaient accessibles à tous. L'interdiction s'appliquait surtout aux salles. Ce qui signifiait qu'il y avait de grandes chances que les gens qui arrivaient étaient proche du Roy, voire, le Roy lui même. Et ça, Ruby n'avait pas la moindre envie de le voir. Cet homme qui lui avait tout prit...

Aussi, la proposition d'Astelia tombait à pic.

Elle ne comptait pas rester ici de toute manière, et cette Princesse l'intriguait vraiment, si bien que ce n'était peut-être pas une mauvaise idée que de passer un peu de temps en sa compagnie. Et ce n'était pas non plus comme si elle avait quelque chose d'important à faire. Après tout, elle se baladait juste dans le Château comme ça, pour se changer un peu les idées, voire entretenir certaines "relations". Mais elle n'avait croisé personne de cet ordre, et ses pas avaient fini par la mener ici par hasard... Ou peut-être pas au final. Mais elle était au moins sûre d'une chose... Avec la Princesse, elle avait plutôt envie de se montrer honnête, sans cacher son jeu, ce qu'elle n'avait plus fait depuis son enfance.

Elle répondit donc d'un air doux et rassurant, avec un petit sourire... Un peu gêné, mais franc.

"J'apprécie beaucoup ces animaux aussi, alors se serait avec plaisir."

Et comme visiblement, aussi bien l'une que l'autre n'avaient pas la moindre envie de tomber sur les gens qui arrivaient, elle n'attendit pas, et reprit une marche rapide le long du couloir, au moins jusqu'à dépasser les appartements privés, et d'être ainsi hors de vue. Sauf qu'elle ne connaissait pas trop le chemin pour aller aux écuries d'ici... Le château était plutôt grand, et bien qu'elle y vivait depuis un moment, il y avait plusieurs chemins pour aller à un même lieu, et elle était loin de tous les connaître.

"Hem... Je ne connais pas vraiment cette partie du Château, je te laisse passer devant..."

Contre toute attente, Erinyes avait accepté la proposition de la princesse. Cette dernière la regarda d'un air surpris, ne s'attendant pas à cela. Au contraire, elle avait plutôt l'impression d'avoir été un poids et que Erinyes ne l'aimait pas. Il fallait croire que les apparences pouvaient être trompeuses... En tout cas, il n'y avait pas une minute à perdre, il fallait rapidement quitter ce couloir avant que Isidil ou encore Genth ne se rendent dans ce couloir. Astelia n'avait qu'à guider Erinyes jusqu'à l'étable et tout irait bien. Ce fut justement lorsqu'elle s'apprêtait à la guider qu'elle entendit une voix familière, son frère arrivait dans leur direction et il semblait qu'il discutait avec quelqu'un d'autre avec une voix assez grave. Il ne fallait surtout pas qu'elle tombe sur lui ! Sans attendre une réponse de Erinyes, la jeune princesse attrapa son bras puis l'attira rapidement dans sa chambre étant donné que la porte était juste à quelques pas de l'endroit où elles se trouvaient. C'était une Erinyes confuse que la jeune princesse venait d'embarquer dans sa chambre et très vite, Astelia ferma la porte derrière elles et resta adosser contre la porte, comme si elle ne voulait pas que quelqu'un y entre.

Pendant plusieurs secondes, la princesse resta silencieuse et resta près de la porte pour écouter les voix qui se trouvaient à l'extérieur. Elles ne sortiraient que lorsque le couloir serait calme et que tous ces conseillers auraient enfin rejoint leurs appartement. Ce fut que après un moment que le silence avait regagné le couloir, ce qui rassura Astelia. Cette dernière soupira avant de se laisser tomber à genoux. Elle était chanceuse, son frère n'avait pas décidé de passer la voir avec Genth car dans ce cas là, aller dans la chambre de sa soeur et la surprendre avec Erinyes n'aurait pas été une bonne chose. La jeune princesse reprit ses esprits avant de se relever et de se tourner vers Erinyes, l'air gênée.

"Je... Je suis désolée pour ce petit incident... C'est juste que..."

Astelia se tût très vite puis détourna le regard. Ce n'était pas le moment de se laisser perturber par ses problèmes et d'embêter quelqu'un d'autre avec ça. Et puis, elle avait dit à Erinyes qu'elle l’amènerait à l'étable pour voir les chevaux de la garde royale, il était temps de tenir parole. La jeune princesse secoua la tête avant de regarder à nouveau Erinyes et continua.

"Ce n'est rien... Je vais te conduire près de l'écurie de la garde royale."

Pour tenter de faire comme si de rien n'était, Astelia se mit à sourire mais il était facile de voir que ce n'était qu'un sourire forcé, comme si elle cachait quelque chose au fond d'elle. De toute façon, vu le nombre de choses qu'elle cachait en elle, une chose de plus ou de moins ne ferait pas de mal... Sans attendre une quelconque question de Erinyes, Astelia ouvrit doucement la porte, regardant s'il y avait quelqu'un dans le couloir puis elle sortit de sa chambre et parcouru les couloirs pour se rendre dans l'écurie. Durant tout le chemin, elle était restée silencieuse, tout en faisant attention à ce qu'elle ne sème pas Erinyes. Cependant, ce silence commençait à la peser car cela lui rappelait de mauvais souvenirs. Tout en marchant, la jeune princesse posa une question à la jeune femme, par simple curiosité.

"Au fait, je me demandais... Est-ce que tu résides au château toi aussi ?"

Car au final, Astelia ne savait rien de Erinyes, à part son prénom. Qui sait, peut-être était-elle une nouvelle domestique ou la fille d'un conseiller... ou peut-être même une insurgée ? Toutes les possibilités étaient envisageables et cela signifiait que Astelia devait se montrer prudente. Mais au fond d'elle, elle savait qu'elle n'avait rien à craindre et que tout se passerait bien... Après, est ce que sa conscience avait raison ou non ? Elle le découvrirait bientôt de toute façon...

La jeune noble s'attendait à ce moment précis à ce que la princesse la guide vers les écuries.
Seulement, il se passa quelque chose qui la déstabilisa de nouveau.
Parce qu'au lieu de continuer dans le dit couloir, elle se retrouva sans comprendre... Dans la chambre d'Astelia.
Cette dernière semblant se cacher de les voix des hommes qui passaient dans le couloir au même moment.
Ce deux voix lui étaient familières à elle aussi, pour les avoir entendues lors des audiences ici et là. Celle du Roy. Et celle du général, un gros patibulaire aux airs de gladiateur.
Deux personnes qu'elle non plus n'avait pas envie de voir. Ce fut la raison pour laquelle elle resta silencieuse, se contentant d'observer l'endroit, et surtout un éventuel endroit où se dissimuler, au cas où.

Mais les hommes se contentèrent de passer, au grand soulagement de la Princesse. Bien que là, elle se demandait un peu pourquoi elle voulait éviter son frère à tout prix. Elles ne faisaient pas de mal non ? ... Bon, surprendre sa sœur avec une inconnue dans sa chambre, ça pouvait mal passer. Mais quel aurait été le mal à les croiser malgré tout dans le couloir ? C'était chose courant quand on pouvait circuler dans le château... Donc, il devait y avoir autre chose.
C'était sans compter le sourire gênée d'Astelia qui confirma ses doutes.
Mais elle ne demanda rien... Pour le moment. Se contentant de la suivre. Après tout, les soucis de cette fille ne la concernait pas. Elle avait beau être gentille à première vue, comment réagirait-elle si une noble croisée et rencontrée pour la première fois 5 minutes avant se mettait à poser des questions d'ordre privé ? Non, ça ne se faisait décidément pas. Même si elle n'était pas noble à la base, elle avait eu leur éducation.

Elle se contenta donc de suivre la Princesse dans les couloirs du château, un peu inconnus pour elle dans cette partie qu'elles traversaient. Ne sachant pas quoi dire malgré un silence un peu pesant, elle se contenta simplement de se repérer au maximum, au cas où. Et puis, de part sa nature, elle n'était pas du genre à bavarder beaucoup. Donc ça ne la dérangeait pas plus que ça... Contrairement à la Princesse qui semblait, elle, chercher quelque chose à dire. Ce qui se fit au bout de longues minutes de marche.

"Oui. Depuis que j'ai environ 5 cycles. J'ai été adoptée, par chance, par une famille de nobles au lieu de finir en esclave, quand mes parents ont été tués. Ils étaient partisans de Got."

Elle s'était toutefois rendue compte que c'était bien la première fois qu'elle donnait autant de détails sur sa vie à une personne à peine rencontrée. Peut-être parce que la Princesse, bien que considérée comme ennemie dix minutes plus tôt, lui inspirait finalement confiance... Ou alors, c'était une sorte d'échange inconscient. En étant honnête et précise avec elle, peut-être qu'elle aussi pourrait lui poser les questions plus personnelles qu'elle avait en tête. Surtout par rapport à cette partie de "cache cache" avec le Roy lui même.

"Toutefois, je ne vais pas souvent dans cette partie du château. Le plus souvent quand il y a des audiences, aussi, je reste dans les couloirs principaux."

Raison pour laquelle elle était bien incapable de trouver le chemin des écuries toute seule à partir de cet endroit... D'autant plus qu'elle était réservée aux gardes si elle en croyait Astelia... D'autres nobles avaient leur montures, elle aussi d'ailleurs, bien que sa santé de lui permettait pas de monter régulièrement. Mais l'écurie avec leur propre chevaux était à côté de la partie du Château où ils vivaient. Et vu le nombre de résidents, et la taille du dit château, il devait y avoir plusieurs écuries... Enfin, ce n'était que des suppositions, parce qu'elle même n'y allait pas beaucoup... Bien qu'il lui paraissait plutôt logique que les animaux des personnes au dessus de tout ne soient pas avec les autres...

Elle resta de nouveau silencieuses après avoir répondu à cette question. Ses bonnes manières l'empêchaient de trop s'impliquer dans la discussion malgré les dires d'Astelia. La tutoyer n'était pas un soucis. Mais parler avec une princesse sans même la connaitre... Ça limitait drôlement les sujets. Même si ce n'était sûrement pas ce que sa guide voulait, elle n'osait malgré tout pas. Pas tout de suite en tout cas... Surtout que tout ce qui lui venait à l'esprit comme question étaient d'ordre purement personnel, alors forcément... Ça n'aidait pas...

Depuis le début, Erinyes n'avait pas fait un seul commentaire sur les actes de Astelia, ce qui surprit la princesse. Depuis le début, elle avait agit bizarrement mais pas une seule fois elle avait demandé ce qu'il se passait. La princesse avait énormément de respect pour cette jeune femme et étrangement, elle se sentait bien avec elle. C'était comme si tous ses soucis s'envolaient pendant qu'elle était avec Erinyes alors que cela ne faisait que depuis quelques minutes qu'elle la connaissait. De plus, cette dernière n'hésitait pas à répondre à ses questions, comme si elle avait confiance en elle... ou comme si elle souhaitait jouer le jeu de la princesse. Au final, Astelia ne savait plus quoi penser. Elle avait tellement été déçue par les gens de son entourage qu'à force, elle ne savait plus qui croire et quoi penser.

Erinyes lui raconta qu'elle avait été élevée par une famille de nobles. Lorsque Astelia apprit la raison pour laquelle elle était orpheline, la jeune princesse eut le souffle coupé. Ses parents avaient été tué car ils étaient des partisans de Got... A cette époque, le roy avait ordonné à tous ses soldats d'exterminer les partisans de Got et de ne laisser aucun survivant. Mais ce roy qui avait ordonné ce massacre... c'était le père d'Astelia ! Et la personne qui a fini ce massacre après la mort de son père, c'est son propre frère ! Au final, Erinyes parcourait le château avec la fille et la sœur des personnes qui ont tué ses parents et cette situation mettait mal à l'aise Astelia. Au final, comment une fille comme elle pouvait parcourir amicalement les couloirs du château avec la fille d'un assassin ?

Au final, Astelia écoutait Erinyes avec attention mais gardait le silence. Vu ce qu'elle venait d'apprendre, il était préférable qu'elle n'en sache pas plus pour ne pas envenimer les choses. De toute façon, les jeunes femmes étaient presque arrivées aux écuries, cela permettrait peut-être d’apaiser tous les mauvais souvenirs qui venaient de l'envahir.

Chose dite chose faite, les deux jeunes femmes venaient de franchir la porte qui menait aux écuries de la garde royale. Astelia avait décidé d'amener Erinyes ici car les chevaux de la garde royale étaient vraiment majestueux. Une fois arrivée, la jeune princesse se dirigea silencieusement vers l'un des enclos. Un cheval blanc s'y trouvait et lorsque la jeune femme s'approcha de l'enclos, le cheval s'approcha d'elle. Ce cheval, elle le connaissait, elle venait le voir souvent. Ce fut finalement après avoir revu ce cheval que la jeune princesse sortit de son silence.

"Les chevaux sont des animaux vraiment impressionnant, ils peuvent nous comprendre facilement et nous redonner le sourire quand tout va mal."

Astelia commença à caresser le cheval puis se mit à sourire. Elle aurait tellement aimé s'enfuir de cet endroit, accompagnée de ce cheval, partir loin et ne plus se soucier de ce qu'il se passe. Tout comme ces chevaux, la princesse était impuissante et ne pouvait rien faire pour aider son peuple. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était regarder encore et encore la famine et la misère qui se répandaient, tuant petit à petit les habitants de Caelicia. Elle pourrait aller voir son frère et tenter de le raisonner mais vu la façon dont les conseillers étaient sortit, le conseil avait l'air de s'être mal passé et Isidil devait être de mauvaise humeur, comme toutes les fois où le conseil s'était mal passé.

Au final, Astelia n'osait pas parler de ce problème avec son frère. Était ce par peur ou par respect pour lui qu'elle préfèrait garder tout ça pour elle ? Mais elle ne pouvait pas rester ici, les bras croisés, à attendre que les habitants de Caelicia tombent un à un. Même si elle n'avait aucun pouvoir, elle était tout de même la princesse de Caelicia et elle ne pouvait plus supporter de voir son peuple souffrir, il fallait qu'elle fasse quelque chose !

La princesse se retourna vers Erinyes et resta un moment silencieuse avant de tenter de dire quelque chose.

"Erinyes... Je..."

A nouveau, la peur s'empara de Astelia. La jeune princesse ferma les yeux et baissa la tête, se demandant ce qu'elle devait faire à cet instant précis. Elle avait envie de faire tellement de choses mais le temps ne lui permettait pas de tout faire et de tout dire. Astelia serra les poings, puis décida de se lancer.

"Je suis... désolée... à propos de ce qui est arrivé à tes parents..."

Pourquoi s'excusait-elle alors qu'elle n'avait rien fait ? Personne ne pouvait vraiment donner une raison à ce geste mais au fond d'elle, Astelia avait ressentit le besoin de s'excuser. C'était sa famille qui était responsable des malheurs de Erinyes, pas elle. Mais d'un côté, le fait de s'être excuser lui avait fait du bien et peut-être que d'un côté, cela avait pu arranger les choses...

L'air d'Astelia dès qu'elle lui eut conté brièvement son histoire ne passa inaperçu.

Toutefois, la noble savait sans difficultés ce dont à quoi elle pouvait bien penser. Après tout, c'était la première réflexion qu'elle s'était elle-même de la princesse avant de se rendre compte... Qu'elle était vraiment différente de ceux qui étaient au pouvoir. Mais elle ne releva pas. Quoi rajouter de plus ? Dire quelque chose pour faire encore plus culpabiliser son guide ?
Non, ce n'était pas correct. Elle ne se serait pas gênée face à une personne hautaine. Mais elle... Elle n'était pas de ces gens là.

Du coup, elle se tut, se contentant de suivre le silence jusqu'aux écuries.

Elle continua de suivre cette dernière jusqu'à un cheval blanc majestueux, et ces deux là semblaient se connaître. La noble allait s'apprêter à parler afin de détendre un peu l'atmosphère tendue.
Mais Astelia la prit une nouvelle fois de cours. Ce à quoi elle se contenta simplement de répondre.

"J'ai une jument qui ressemble beaucoup à ce cheval là... Bien que son blanc soit moins éclatant, et sa taille plus petite. J'aime beaucoup faire des balades avec elle, mais je ne peux hélas pas me permettre de pratiquer ce loisir comme je le souhaite."

Elle n'entra pas dans les détails ce coup là. Parce qu'il s'agissait de sa faiblesse. Et ayant commencé à apprendre le combat, on lui avait également apprit à ne jamais révéler ses faiblesses aux autres tant qu'on était pas sûr à 100% qu'ils soient nos alliés. Tout simplement parce qu'au lieu de vous aider, ils en profiteraient pour retourner ça contre vous si tel était leur objectifs.
Bien qu'elle s'était déjà plus dévoilée que de coutume fasse à la Princesse. Mais là, elle n'alla pas plus loin, d'autant plus que ça avait tendance à lui faire un peu honte, de ne pas toujours pouvoir se suffire à elle-même...

Ce nouveau moment de silence et de réflexion qui s'était installé fut brisé de nouveau par une Astelia plutôt hésitante.
La jeune noble se fit plus attentive, posant son regard sur sa souveraine, plutôt interrogateur, tout en l'encourageant presque à continuer.

Ce qui ne tarda pas.

Et une fois encore, ce qui fut dit la déstabilisa totalement.

Des excuses.

Jamais personne ne s'était encore jamais excusé envers elle pour ce qui était arrivé. Et encore moins une personne de la royauté directe. Bien au contraire, on lui avait toujours dit d'oublier Got, de vénérer l'Enchanteur, sans autre argumentation aucune, parce que c'était comme ça. Comme si quelque part, ce qui était arrivé à ses parents étaient entièrement de leur faute. Ils n'avaient qu'a se convertir. On ne leur avait pas vraiment donné cette chance. Et ils ne l'auraient de toute façon pas fait. Tout comme elle. L’Enchanteur, elle s'en fichait comme de son premier biberon. En revanche, Got suscitait toujours son intérêt et sa fascination. Mais elle le cachait, bien entendu. Pas le choix autrement.

Alors oui. Que la Princesse elle-même s'excuse des agissements de son frère/père/famille de Tyrans...
C'était tout à fait inattendu. Et confirma d'avantage que cette fille n'était décidément pas comme les autres... C'est elle qui devrait être sur le trône ! Pas son frère ! Qui ne savait que se faire haïr, alors que sa propre sœur était bien plus aimée que lui, et aurait sûrement plus d'influence, de part le peuple, qui la soutiendrait sûrement...
Elle se surprit même à vouloir défendre cette personne en face d'elle, alors que quelques minutes avant secrètement, elle la détestait, et la méprisait tout autant que les autres.
C'était d'autant plus troublant et douloureux que de se rendre compte d'une erreur, sans vraiment parvenir à se défaire du doute malgré tout. Même si tout montrait que non, la Princesse pouvait aussi être une fine manipulatrice.
Dans ce monde, on était jamais trop prudent.

Elle resta un long moment silencieuse suite à cette déclaration inattendue, qui lui coupa carrément le souffle. Au point même de devoir s'assoir rapidement, se sentant de nouveau nauséeuse, maudissant sa sensibilité et sa santé qui lui faisait défaut au moindre choc.
Puis se souvenant quand même qu'elle avait une image à garder en toute circonstance, aussi bien par éducation, que par respect ou estime envers son interlocutrice, elle reprit un peu contenance, et tenta de répondre, bien qu'ayant un peu de mal.

"Euh... Je... Enfin..."

Ou plutôt BEAUCOUP de mal.

Reprocher depuis des années des torts et une souffrance à quelqu'un. De pas attendre d'excuse, juste du mépris, et de la remise en place, c'était déjà difficile.
Mais que l'une de ses personnes, presque au sommet de la hiérarchie, au final accusée à tort, se mette à vous estimer, et à s'excuser pour les autres... Ça l'était encore bien plus.
Car dans le premier cas, il n'y avait aucun remord à ressentir face à ce type de personne hautaine.
Mais dans le second... Ne pas ressentir le moindre remord serait presque à se mettre au même niveau que ceux que l'on déteste.
Enfin, après un nouveau d'hésitation, elle parvint enfin à dire une phrase correcte.

"Ce n'est pas de vo... De ta faute... Tu n'as pas ordonné tout ça.... Toi aussi, tu subis... Non ? Parce que sinon... Pourquoi aurais-tu fuit ton frère, tout à l'heure ?"

Dans la foulée quelque part, elle posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'elles avaient quitté la chambre.

La soudaine attitude de Astelia avait l'air d'avoir étonné Erinyes. Pendant plusieurs minutes, la jeune femme était restée sans voix et la princesse ne s'attendait pas vraiment à une réaction de ce type. En effet, Erinyes semblait plutôt froide et distante aux premiers abords mais pourtant, les excuses de Astelia avaient l'air de l'avoir perturbé, ce qui eut pour effet de rendre la princesse silencieuse. Au final, Erinyes cherchait les mots juste pour tenter de conforter Astelia, et en profita également pour la questionner à propos de son frère. Et voilà, on y était, la jeune princesse savait que tôt ou tard, cette question à propos de son frère allait tomber. A première vue, Erinyes pensait que Astelia n'avait rien à voir avec le massacre, que c'était quelqu'un d'autre qui commandait tout cela, et le pire, c'est qu'elle avait raison. La jeune princesse n'avait rien à voir là dedans, et c'est ce qui la gênait.

Astelia se retourna sans dire un mot puis continua à caresser de nouveau le cheval. Devait-elle garder le silence et ne rien dire à propos de tous ses problèmes ? De toute façon, quoi qu'il se passe, Erinyes ne pouvait rien faire pour l'aider, son destin était déjà pré-défini et il lui serait difficile de s'éloigner de ce chemin. Mais d'un autre côté... La jeune femme avait répondu aux questions de la princesse, même si cela n'était que de la curiosité. Par principe, elle devrait répondre à la question de Erinyes, chose qu'elle s'empressa de faire.

"Il est vrai que je n'ai pas ordonné le massacre des partisans de Got, mais au final, je suis comme mon père... et comme mon frère..."

Astelia baissa la tête et laissa sa main sur la tête du cheval. Pendant plusieurs secondes, c'était comme si le temps s'était arrêté. Le cheval ne bougeait pas, et la jeune princesse non plus. Les gens avaient beau dire qu'elle n'avait rien à voir dans le massacre des partisans de Got, l'actuel massacre des insurgés ou encore la famine qui atteignait son peuple, Astelia ne pouvait pas faire comme si elle n'avait rien à voir dans cette histoire. C'était son père qui avait organisé le massacre des partisans de Got, son frère qui avait prit le relais, et ce même frère qui massacrait les insurgés et provoquait cette famine dans tout Caelicia. Le même sang coulait dans ses veines et cela ne changerait pas. Elle était une Lionheart et rien ne pourrait changer.

"Je vois tous ces gens souffrir. Ils tentent de survivre par tous les moyens, même par le vol ! Ils peuvent se faire arrêter, se faire tuer mais ils s'en moquent ! Pour eux, le plus important, c'est de survivre... Est-ce que quelqu'un qui regarde son peuple mourir sans rien faire a le droit d'être considéré comme une princesse ?"

Astelia se mordit la lèvre inférieure, tentant de retenir ses larmes grâce à la douleur. Ce n'était pas le moment de pleurer, cela ne servirait à rien de toute façon. Elle ferma les yeux et essaya de reprendre son calme avant de continuer.

"Généralement, lorsque les conseillers sortent de cette façon d'un conseil, cela signifie que la réunion s'est mal passée. Dans ces circonstances, mon frère est assez désagréable et il est préférable de ne pas le croiser. C'est pour cela que je ne voulais pas le voir."

Ayant reprit son calme, Astelia se redressa puis se tourna de nouveau vers Erinyes. Elle avait l'impression de se donner en spectacle, de tout dévoiler à n'importe qui mais d'un côté, le fait de raconter tout ce qu'elle avait sur le cœur lui faisait du bien. Au final, que Erinyes joue la comédie ou qu'elle soit sincère l'importait peu car Astelia en avait marre de se méfier, préférant faire confiance à son instinct.

"Mon frère n'a jamais été comme ça lorsqu'il était petit, il a été pervertit par les idées de pouvoir que mon père lui a enseigné. C'était vraiment quelqu'un de bon..."

Il serait dur de la croire car qui pourrait penser que Isidil était autrefois quelqu'un de bon après tous les malheurs qu'il a causé ? Seul Astelia pouvait l'affirmer et tout le monde pouvait penser que c'est pour protéger son frère qu'elle disait cela mais cela l'importait peu. Elle connaissait la vérité et c'est ce qui importait. La jeune princesse baissa légèrement la tête, l'air penseuse. Comment réagirait Erinyes après tout ce qu'elle venait de dire ?

"Peut-être que non, en effet."

Répondit alors la jeune noble sans passer par quatre chemins, ignorant tous les signes qui montraient que la Princesse allait pleurer. Après tout, quel souverain accepterai de voir ainsi son peuple souffrir de la sorte ? Mais dans ce pays, c'était devenu un habitude, vu que la souffrance su peuple était entièrement dû à la faute de ces gens. Qui semblaient prendre plaisir à soumettre le peuple par la crainte et la cruauté.

"D'autant plus que ta famille n'est pas légitime à Caelicia."

Continua-t'elle toujours très calme, une fois l'effet de surprise dissipé. Autant être franche et dire ce qu'elle avait toujours pensé de la royauté. Qu'Astelia soit princesse ou non ne changeait pas sa manière de voir. Et puis, c'était aussi une forme de respect que de ne pas cacher son jeu, pour une fois. Elle était honnête parce qu'au fond, elle aimait bien cette jeune femme, et que pour la première fois de sa vie, elle pouvait parler librement.

"Tu n'as donc aucun mérite à être Princesse. Sur toute la ligne. Ton frère non plus, peu importe comme il était dans le passé. Ce qui compte, c'est le présent."

Ces mots pouvaient faire mal, oui. Mais après tout... Si Astelia disait elle-même qu'elle ne le méritait pas, cette vérité était tout ce qu'elle pouvait entendre. La seule qui allait dans son sens, quelque part. Et puis, elle saurait précisément ce dont à quoi pensait la noble.
Mais son but ici n'était pas vraiment de descendre la Princesse de son piédestal. Avait-elle demandé à le devenir ? Non, sûrement pas, vu ses manières d'agir.
Elle-même avait-elle demandé à être noble ? Non plus. Elle l'était devenue par la force des choses.

"Toutefois... Toi comme moi n'avons pas eu le choix de cette vie. Nous ne méritons pas forcément tout ça, mais nous l'avons eu quand même... Peut-on vraiment être blâmées quelque part ? Ceux qui doivent l'être sont ceux qui ont fait ce que nous sommes aujourd'hui."

Tout cela pour dire que malgré les mots plutôt durs qu'elle venait de dire, elle ne parvenait à en vouloir à Astelia. Elle en voulait à son frère. A son père. A ceux qui avaient tué sa famille. Même à ceux qui l'avaient adoptée, pensant à ce moment là qu'ils étaient aussi de mèche. Ce n'était pas le cas. Mais depuis ce jour, elle y avait toujours cru, et, enivrée de sa haine, elle n'avait pas tenter de voir autre chose. Parce que contrairement à la Princesse, sa famille d'adoption ne s'était jamais excusée, et n'avait jamais montré le moindre remord. Ils l'avaient peut-être élevés comme leur fille, et en avaient fait une noble plutôt qu'une esclave, lui avaient même donné une vie plutôt heureuse, mais ils l'avaient aussi éduquée à leur divinité, pour tenter de la convertir à l'Enchanteur, ce même "dieu" qui avait fait que ses parents avaient été tués. Et ça, elle ne pouvait le pardonner.

Bien qu'elle avait finit par le faire, plus tard, quand Angie lui avait expliqué que ces gens là l'avaient sauvée dans le fond, et que leur rang de nobles ne leur laissait sûrement pas d'autre choix que d'agir de la sorte, surtout dans les murs du Château. Après tout, elle aussi cachait son jeu. Astelia étant la première à qui elle se dévoilait vraiment.
Mais tout ça n'arriva que quelques mois plus tard après cet épisode.

En revanche, elle ne répondit rien quand la Princesse parla de son frère, le Roy, et de ses humeurs exécrables après le conseil. Elle pencha plutôt sur un autre détail. Personnel, une fois de plus, mais après tout, n'étaient-elles pas en train de parler depuis tout à l'heure de sujets plutôt à risques pour deux inconnues à peine rencontrée ? Une sorte d'échange équitable, sans vraiment d'arrières pensées, ou d'idée de trahison par derrière.

"Est-ce vraiment la seule raison ? Il m'a semblé entendre la voix de ce Général... N'est-il pourtant pas ton futur époux ? Ou l'évite-tu, lui aussi ?"

Bien que ce soit là une chose plutôt facile à comprendre. Genth était une montagne de muscles, taillé pour le combat, voire carrément le massacre. Jamais vaincu. Et les rumeurs allaient bon train sur ses aventures avec les femmes. Beaucoup de femmes. Bien que depuis qu'il était promit à la Princesse, il semblait se tenir... Ou le cachait bien, du moins. Quel genre de fille aimerait une personne comme lui ? D'autant plus qu'Astelia contrastait parfaitement avec cet homme. Douce, innocente, fragile, sûrement... Ce n'était très clairement pas une personne pour elle, et encore moins le type d'homme qu'elle méritait... Ou plutôt... Cet homme ne la méritait pas, elle.
Il n'était donc pas surprenant qu'elle l'évite quand elle n'avait pas à faire bonne figure à ses côtés. C'était même moins surprenant que le fait qu'elle évite son propre frère.
Au final, la vie de cette Princesse ne devait pas être aussi rose que ce que les gens disaient... Plus ça allait, et plus elle s'en rendait compte... Et parvenait à ressentir de la pitié et de la tristesse pour cette personne qu'elle détestait avant ce jour.

Erinyes semblait avoir tout compris. Le peuple appelait Astelia princesse mais seulement parce que son frère gouvernait Caelicia. Et encore, elle n'était pas la princesse légitime et son frère le roy légitime de Caelicia. Autrefois, l'empereur de Borrosif avait décidé de s'emparer de Caelicia, autrefois appelé Caelis et a massacré la famille royale de Caelis, ou du moins, c'est ce qui est raconté. A chaque fois que Astelia regardait par la fenêtre, elle avait une drôle de sensation, comme si elle ne se sentait pas à sa place, et il y avait de quoi l'être. Elle avait le même ancêtre commun que l'empereur de Borrosif, elle se considérait plutôt Borrosen que Caelicienne mais elle ne pouvait rien y faire. Son père avait hérité du commandement de Caelicia et elle n'avait jamais pu partir d'ici. De toute façon, même si elle pouvait partir, jamais elle n'en aurait le courage car le peuple de Caelicia était comme son peuple, même si elle n'était pas la princesse légitime, et il était hors de question qu'elle fuit son peuple alors que ce dernier se meurt.

Sans dire un mot, Astelia écoutait attentivement les paroles de Erinyes. Même si ses paroles étaient juste, cela n'empêchait pas à la princesse d'avoir un petit pincement au cœur. C'était vrai, il n'y avait aucun mérite à être la princesse de Caelicia, et Isidil n'avait pas sa place en tant que Roy. Mais la suite des choses étonnèrent Astelia qui se retourna brusquement vers Erinyes. Elle avait raison, elle avait beau blâmer tout cela, ça ne servirait à rien. Elle n'avait pas choisi d'être la princesse de Caelicia, et en y repensant, la position dans laquelle elle se trouvait était la plus confortable. Combien de personnes auraient tant aimé être à sa place ? Au final, elle n'arrêtait pas de se plaindre de cette situation mais elle avait une chance incroyable d'être à cette place.

"Erinyes..."

On ne pouvait pas choisir sa famille, ni même ce que l'on est, mais on peut influencer sur le présent. Tout le monde peut changer les choses mais il faut avoir la volonté nécessaire pour y arriver. Même si Astelia n'avait aucun pouvoir, si elle se battait, elle pouvait peut-être essayer de faire changer les choses à Caelicia et rendre la vie meilleure à son peuple. Oui elle n'est pas la princesse légitime mais ce peuple était quand même le sien et il était hors de question de laisser les habitants mourir.

Alors que Astelia se rendait compte de certaines choses, Erinyes continua son discours, allant même à poser une nouvelle question à la princesse. Cette dernière, ne s'attendant pas du tout à une question de ce genre, regardant son interlocutrice avec un drôle de regard avant de détourner le regard. Il fallait croire que les rumeurs se répandaient très vite et dans tout le château.

"On peut dire ça comme ça... Qu'il est mon futur époux..."

Il suffisait de comprendre le ton avec lequel Astelia avait répondu à Erinyes pour savoir que la jeune princesse n'était pas du tout ravie. Qui voudrait se marier avec une telle personne ? Les gens ne voyaient pas la même chose que Astelia. Pour eux, Genth était quelqu'un de fort et de puissant, n'ayant jamais connu la défaite et servant loyalement son roy. Mais ce que les autres ne savaient pas, c'est que derrière cette image se cachait un homme avide de pouvoir, tuant tout ceux qui se dressent sur son chemin et capable de tout pour arriver à ses fins... Et la princesse ne supportait pas les hommes dans son genre.

"Un jour, mon frère a demandé à ce que je le rejoigne à la salle du trône. Lorsque je suis arrivée, il y avait un homme à côté de lui. Mon frère a présenté cet homme sous le nom de Genth Déîcid, le général de l'armée de Caelicia, puis il m'a annoncé qu'il a décidé... de m'unir avec... lui..."

Astelia se contenta de soupirer avant de regarder finalement Erinyes et de continuer.

"Il est comme mon frère, c'est un être assoiffé de pouvoir et qui est prêt à tout pour réussir, y compris tuer des gens. J'ai trop de respect envers mon frère pour me manifester devant lui mais je refuse de me marier avec un homme tel que lui."

Mais au final, est-ce que ce mariage allait vraiment avoir lieu ? Il y avait des chances que oui car lorsque Isidil avait une idée en tête, il était dur de le faire changer d'avis. Cependant, cette idée ne faisait que répugner Astelia, cet homme la dégoutait. La jeune princesse regardait désormais le sol, se rendant de plus en plus compte de la situation dans laquelle elle se trouvait ainsi que l'ampleur des dégâts. Il fallait qu'elle se ressaisisse, qu'elle tente de faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard.

"Donc, tu l'évites bel et bien."

Simple constatation/conclusion. Mais qui n'avait absolument rien d'étonnant. A sa place, elle aurait fait de même. Elle aurait même carrément fuit le château. Seulement... Elle n'était pas Princesse. Et il devait être bien dur pour une personne de ce grade de simplement s'enfuir et refaire une vie incognito, quand son visage était connu de toute la population.

"Toutefois, tu as la chance d'avoir les bonnes grâces du peuple. Je ne voulais pas le croire jusqu'à présent, mais tu es bien différente. Cette attention et cette gentillesse n'étaient pas que banals ragots."

Elle avoua donc par la même occasion qu'elle était dû genre à voir avant de croire... Et qu'elle n'avait donc pas eu confiance en Astelia tout de suite... Bien qu'au final, cette confiance lui fur accordée bien plus rapidement que prévu.

"C'est un peu comme pour moi... Le peuple montre les nobles du doigt. Par admiration. Par respect. Ou au contraire, par intérêt, ou encore par haine... Ne pensant qu'à notre soi-disante chance d'être nées de ce côté. Mais aucun ne se rend compte que la réalité de notre vie n'est en fait que ponctuée d'obligations. La liberté, c'est eux qui en disposent. Mais le prix à payer est la dureté de leur vie... N'est ce pas ironique..."

Ceux qui avaient tout dans la vie n'étaient pas heureux, car privé de leur liberté. Ceux qui n'avait rien ne l'était pas plus, car privé de tout le reste. Drôle de balance... A quoi servait donc cet Enchanteur soit disant si puissant ? Si merveilleux ? Les deux parties de son peuples manquaient toutes de choses importantes ! Au temps de Got, ce n'était pas comme ça.
Il paraitrait même que dans une contrée lointaine, nommée Kamerlan, malgré leur Déesse de la guerre, le peuple n'avait pas à souffrir autant du règne de leur Ystar. Les rumeurs allaient même jusqu'à dire que la volonté de leur Roi était celle du peuple... Quelque chose de vraiment difficile à concevoir ici même...
Alors non. Vu sous cet angle, l'Enchanteur n'avait rien... D'enchantant. Dieu de la discorde et de la misère, oui. Mais rien de plus. Et les gens voyaient en cette... Chose... Un être suprême ? Ça la faisait doucement rire...

"Je crois que je dois des excuses pour avoir pensé un peu comme ces gens là à ton égard... Sans te connaître."

Ou du moins, elle l'espérait... De ne pas s'être trompée sur le compte d'Astelia. Que cette première impression était la bonne. Parce que parfois, la surprise peu jouer des tours, et nous tromper.

Au début, cette journée était banale. Lorsqu'on habite au château, les journées se ressemblent toutes, il n'y a pas grand chose à faire. Mais pour une fois, les choses n'avaient pas suivi leur cours normal. Astelia continuait de dévoiler petit à petit ce qu'elle avait sur le coeur, ou plutôt Erinyes se chargeait de reconstituer les morceaux et d'avoir un raisonnement logique sur ce qui se passait. D'un côté, elle se sentait stupide, stupide de tout dévoiler comme ça au premier venu mais d'un autre côté, cela lui ôtait un lourd poids, elle se sentait mieux, c'était le cas de le dire. La princesse ferma les yeux puis baissa la tête.

"Erinyes... Tu n'as pas à t'excuser, tu as même fait le bon choix. Les gens ont beau dire des choses sur certaines personnes, elles ne sont pas forcément vraies. Et comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est le cas de Genth... Tout le peuple ne voit qu'en lui la puissance car il cache bien son autre facette, un homme cruel..."

Astelia ne savait même pas pourquoi elle prenait la peine de parler de lui de nouveau. Cet homme ne méritait pas la place qu'il occupait, un homme aussi sombre ne montrait pas une bonne image de l'armée de Caelicia. D'ailleurs, en parlant de ça, la princesse ne savait même pas comment il avait convaincu Isidil et comment ce dernier avait décidé de le nommer à la tête de l'armée de Caelicia. En y repensant, Astelia ne savait pas non plus pourquoi Isidil avait décidé de la marier avec lui, était ce par peur ? De toute façon, il devait y avoir quelque chose derrière tout ça mais impossible de savoir ce que cela pouvait bien être....

Sur ces réflexions, la princesse regarda le ciel. Elle ne s'en était pas rendue compte mais la journée était passée rapidement car le soleil commençait à prendre une teinte rouge, montrant que la journée allait commencer à prendre fin. Cependant, la jeune princesse ne souhaitait pas que cette journée se termine, pas encore... C'était difficile à expliquer mais pour une fois, elle se sentait libre, plus libre que d'habitude... Astelia se mit à sourire avant de remercier Erinyes.

"En tout cas, ta sincérité me touche beaucoup. J'avoue que je me suis également méfiée au début mais cela ne fut que de courte durée. J'aimerais donc te remercier pour la confiance que tu m'accordes."

La jeune princesse détourna ensuite le regard vers l'une des tours du château. Bizarrement, elle se sentait épiée, comme si quelqu'un l'observait depuis un moment. Ses soupçons se confirmèrent lorsqu'elle aperçut de l'une des fenêtres son frère. Son visage semblait froid et dès qu'il aperçut que sa soeur l'avait vu, il se contenta de faire demi-tour et de quitter la fenêtre. En voyant cela, Astelia se mit à soupirer car comme prévu, la réunion s'était mal passée et Isidil était un peu énervé. Étant donné qu'il l'avait vu en compagnie de Erinyes, une noble, il était sûre qu'elle aurait le droit à la morale plus tard mais elle s'en moquait. Contrairement à Isidil, la jeune princesse se rapprochait de tout le monde alors que lui ne faisait que s'éloigner, peut-être pour rester fort.

Astelia regarda à nouveau l'étalon blanc, conquise par la beauté de cet animal. Elle se tourna ensuite vers Erinyes tout en affichant un petit sourire.

"Est-ce que tu aimerais monter sur ce cheval ?"

La princesse n'attendit pas la réponse de Erinyes. Elle s'empressa d'ouvrir l'enclos et de libérer l'étalon qui se trouvait à l'intérieur. De toute façon, il n'y avait rien à craindre, ce cheval était vraiment doux et tant que les deux jeunes femmes ne faisaient pas de gestes brusques, il n'y avait aucune raison pour que cela devienne dangereux.

[Voilà, désolée du retard et de la médiocrité de mon post. J'ai profité des vacances et pas d'inspi xD]

Elle ne rajouta rien, se contentant d'écouter la réponse de la jeune Princesse. Bien que la fin de ses mots la surprit.

"Je... Enfin... Tu n'as pas besoin de me remercier pour ce genre de chose..."

Confiance, confiance, c'était vite dit, cela ne faisait que vingt minutes à tout casser, alors bon... La noble était du genre à ne pas trop s'avancer non plus en si peu de temps, même si son instinct lui donnait plutôt un bon ressentit à propos de la jeune fille.
Il y eu un petit temps de silence, durant lequel Astelia semblait regarder une tour. Ce fut donc naturellement que le regard de la jeune noble suivit... Pour voir la silhouette de l'homme qu'elle détestait sûrement le plus au monde. Malgré sa haine, elle ne pouvait toutefois s'empêcher d'être un peu inquiète que le Roy l'est vue avec sa sœur... Elle n'était pas sûre de risquer grand chose, mais c'était un tyran tout de même. S'il l'était avec le peuple, il pouvait très bien l'être avec les nobles.
La silhouette fit néanmoins demi tour quand son regard croisa celui de sa cadette. Il semblait... Furieux...

"Tu... Es sûre que ça ira ?"

Osa-t'elle alors demander à Astelia... Qui lui répondit par une autre question, changeant totalement de sujet. Et dans la seconde qui suivit, l'étalon qu'elles étaient en train d'admirer fut libéré de son enclos.
Elle n'avait pas peur de ces animaux. Après tout, elle avait elle-même une jument presque similaire à ce cheval là, et puis, elle savait monter, même si elle ne pouvait pas le faire trop souvent.

"Je... Ne sais pas si je peux... Il se fait tard... Ce cheval n'est pas le mien, et puis... Il est assez risqué pour moi de monter... Je ne veux pas te causer plus de problèmes que tu en as déjà..."

Fit-elle alors pas à l'aise du tout.
Encore, si le Roy ne les avait pas vues ensembles, elle ne se serait pas autant inquiétée. Mais elle était comme ça de nature, et malgré la haine dévouée à cet homme... Elle en avait quand même peur... Parce qu'elle n'était pas apte à se défendre contre lui. Pas encore. Donc elle préférait éviter les problèmes, de préférence...
Et puis en plus de ça, avec sa santé fragile, il y avait plus de risques pour elle de se sentir mal en fin de journée à cause de la fatigue cumulée le jour. Et elle ne tenait pas vraiment à ce la Princesse la voit dans ce genre d'état. Elle avait bien assez de problèmes comme ça à côté.

[Pas grave XD Pi chui pas mieux là, malade X__x]

Il fallait se rendre à l'évidence, Erinyes avait raison. Les deux jeunes femmes avaient déjà prit beaucoup de risques en venant jusque là et en plus, Isidil les avait surprit. Tout ce qu'espérait Astelia, c'est que sa nouvelle amie n'ait pas des ennuies à cause d'elle car au final, c'est la jeune princesse qui l'avait amené jusque là, c'était de sa faute si elle allait se faire réprimander. De toute façon, les choses étaient faites et d'un côté, Astelia ne regrettait pas ce qu'elle venait de faire... pour le moment. Il était préférable que chacune reparte de son côté, comme si de rien n'était.

"Je crois qu'il est temps de se séparer, j'espère juste que mon frère ne dira rien sur ce qu'il a vu. Je n'ai pas envie qu'à cause de moi, tu aies des ennuis..."

La jeune femme rouvrit l'enclos et laissa l'étalon blanc entrer de nouveau dans cette petite cage. Comment les chevaux pouvaient-ils faire pour supporter de rester enfermer dans des petits endroits comme cela ? Déjà que Astelia ne supportait pas d'être toujours enfermée au château, cela devait être pire pour les chevaux. La princesse ferma l'enclos puis lorsque l'étalon blanc s'approcha d'elle, elle lui caressa doucement la tête puis lui murmura quelques paroles.

"Je te promets qu'un jour, on sortira tous les deux du château et tu pourras voir l'extérieur et profiter du spectacle qui s'offrira à toi..."

Sur ces mots, Astelia s'éloigna de l'enclos puis se tourna de nouveau vers Erinyes, toujours en souriant.

"En tout cas, saches que j'ai passé de bons moments avec toi et j'espère qu'on se reverra un jour."

La jeune femme salua alors son amie puis partit en direction de ses appartements. Étant donné que Isidil l'avait surpris avec une noble, elle n'avait pas trop envie de croiser son frère dans la salle à manger ou autre part. Elle attendrait le moment venu pour parcourir les couloirs de nouveau. Avant de franchir la porte, Astelia jetta un dernier regard dans la cour. Bien sûr que oui, elles se reverront un jour, il n'y avait pas de raisons pour que cela n'arrive pas.

La jeune noble acquiesça à la proposition de la Princesse, après tout, ce n'était pas vraiment comme si elles avaient le choix... Le Roy les avait vues, ne semblait pas de bonne humeur, et même Astelia espérait que ça ne leur apporte pas de soucis, et ce, à toute les deux.

"Ce fut réciproque."

Répondit-elle simplement en... S'inclinant.
Bien que la Princesse avait clairement refusé toute forme de supériorité, le fait était que ce coup là, le Roy pouvait retourner à sa fenêtre à tout moment pour les observer.
Alors autant suivre le protocole imposé. Cela pourrait toujours éviter quelques remarques ou ennuis supplémentaires... Surtout pour elle.

Elle espérait juste qu'Astelia ne prenne pas ça comme une nouvelle prise de distance, mais plutôt comme une manœuvre réfléchie. On était jamais trop prudent, et l'une comme l'autre le savait très bien.
Après cette révérence, elle ne rajouta rien, se contentant juste de lancer un dernier regard sur l'étalon, avant de tourner les talons dans la direction opposée, et de partir.

Ne lui restait plus qu'à retrouver le chemin de ses appartements.

[RP Terminé]